L’enfant découvre ce que c’est la nature d’un être humain
Le jour où la meilleure amie à ma maman était venue lui rendre visite et qu’elle m’avait pris sur ses genoux tout en lui disant que j’étais le plus joli petit mignon qu’elle eût vu, je réalisai qu’elle faisait semblant d’être gentille et que moi, à mon tour, je faisais peut-être, à cette occasion-là, semblant d’être le fifils de ma maman, quoique je ne fusse pas encore conscient de mon rôle. Ce jour-là, je fus amené à conclure qu’il était amusant de choisir un rôle différent à jouer à chaque circonstance vécue, surtout lors des enjeux hypocrites auxquels les adultes aimaient à se livrer. Un arbre est un arbre depuis l’étape de germination de la graine et, à ce que je sache, les arbres se sont toujours tous ressemblés dans leur passivité et dans leur obéissance végétale et immobile, alors qu’un homme peut faire agir un autre personnage que le sien, c’est-à-dire son vrai caractère, selon les circonstances. C’est sans doute depuis ces événements de mon enfance que je commençai à tromper Dieu, le pouvoir caché qui connaissait magiquement et qui jugeait tous mes secrets, mes tabous et mes méchancetés : je jouais le bon fils qui ne souhaitait que du bien à son père. Bien que j’eusse pris le risque d’être découvert, puisque Dieu était omniprésent et surveillait tout, même ce qui lui était laborieusement caché, j’essayais de croire à ce que je lui disais dans mes prières. Et je réussissais. Dieu était plus renseigné sur moi que moi-même, mais l’homme avait le pouvoir de jouer, de feindre d’être d’autres hommes.
Lorenzo Baroni Fontana