Nous avions cru que le géant s’était réveillé…

(1) Première impression (le 19 juin 2013) : « Le géant s’est réveillé ! »

Pendant ces jours-ci, des milliers de Brésiliens descendent dans les rues des plusieurs villes pour protester. À São Paulo, les manifestants réclament surtout contre la hausse des frais des transports en commun.

São Paulo vit un effondrement croissant du système de transport public depuis des années. Au-delà du petit réseau de métro et de trains servant la banlieue métropolitaine, il reste peu de moyens permettant les déplacements de la plupart des habitants de la métropole.

Encore avant la hausse des frais des transports en commun, le mouvement Passe Livre, constitué par des étudiants universitaires, s’était déjà levé contre cette injustice – et, après l’augmentation effective qui a eu lieu le 2 juin dernier, ce mouvement social a déjà organisé jusqu’ici six manifestations dans la ville.

Jusqu’à la semaine dernière, les médias brésiliens ont déprécié les protestations, dont les véritables causes ont été cachées et n’ont mis en relief que les cas inusités et rares de vandalisme. Les éditoriaux des plus importants journaux de la presse aussi bien que le gouverneur de l’État de São Paulo, Geraldo Alckmin, ont fait l’éloge de l’action menée par la police et ont précisé que la répression policière pourrait augmenter au cas où la circulation fût compromise.

Par contre, après la quatrième manifestation, les excès de la police ont été diffusés dans les réseaux sociaux, ce qui a déclenché la révolte par rapport au manque d’apprêt des policiers avec les manifestants. Depuis, un changement de position de la presse a été observé. Les perturbations sociales des derniers jours au Brésil sont devenues des porte-paroles pour le droit de manifester.

(2) Deuxième impression (le 21 juin 2013) : « On nous a volé la voix ! »

Il y a dix jours, une manifestation contre la hausse des tarifs des transports en commun a eu lieu à São Paulo, organisée par un mouvement social appelé Movimento do Passe Livre (MPL). Ce mouvement de gauche est né parmi des étudiants de la faculté où j’étudie, Faculté de Philosophie, Lettres et Sciences Humaines de l’Université de São Paulo, il y a huit ans. Presque tous les mouvements et partis politiques de gauche y sont nés.

Le MPL se bat toujours pour la gratuité des transports, mais la revendication ponctuelle qui a déclenché la manifestation, il y a dix jours, était la baisse du tarif. Ce mouvement n’a pas de dirigeants et il se définit comme étant « horizontal » avec des sympathisants partout le territoire brésilien.

Bon, lors de cette manifestation qui a eu lieu il y a plus ou moins dix jours, la police a réprimé les manifestants avec violence. Le gouverneur de l’État de São Paulo et la presse les ont étiquetés comme vandales et casseurs et ont renforcé que si les défilés compromettrait la circulation, la répression serait encore plus violente. (J’attire l’attention une fois de plus sur le fait que le mouvement est composé par des jeunes de gauche).

Tout d’un coup, le lendemain, sans aucune explication, la presse et le gouverneur ont changé leur discours, désormais souteneurs des manifestations. Au même temps, on voyait plusieurs couches de la classe moyenne partout dans le pays, incitées par le Facebook, se lever contre des causes trop générales (la corruption, la dégéneration des services publics, etc.). Moi, particulièrement, je ne comprenais plus rien, je ne savais plus pour quoi exactement les gens se battaient. Le pays s’était levé, il y avait plusieurs revendications, et la presse conservatrice n’était plus contre ! (Quelque chose n’allait pas !)

A partir des pages Facebook et de la presse, toutes les deux incitant à des sentiments nationalistes et « antipartidaristas » (contre la participation de partis politiques dans les manifestations – lesquels ???), la droite s’est mise à exécuter une exhortation pour desqualifier le mouvement. Entre-temps, des gens avec des drapeaux du Brésil chantant l’hymne national, en criant des mots d’ordre nationalistes en faveur de la paix (????) sont apparus sur-le-champ. Le 20 juin, des groupes neonazi ont battu ceux qui étaient en rouge.

La plupart du peuple (dépolitisé) aujourd’hui est donc dans les rues pour la paix, la nation et contre le gouvernement. Qu’est-ce qui se passe ? Ça me paraît un cas de vol de voix ! Il n’y a pas eu une manipulation médiatique pour piquer un mouvement que, dans un premier moment, avait été soutenu par des forces de la gauche ?

David William Aparecido Ribeiro & Lorenzo Baroni Fontana

Published in: on 19 juin 2013 at 17 h 45 min  Laissez un commentaire  

Concours « 10 mots de la Francophonie » 2013

Cette année, j’ai eu l’honneur d’avoir le premier prix de la catégorie adulte du concours 10 mots de la Francophonie. Le défi consistait à écrire un courriel à un ami, en lui racontant l’expérience de s’installer dans une ville francophone quelconque. Le texte devait contenir au moins cinq des dix mots choisis pour cette édition parmi les mots, tournures et expressions empruntés à la langue française par d’autres langues comme l’allemand, l’anglais, le polonais, le portugais, le russe, le néerlandais, l’espagnol et l’italien – les mots semés au loin. Je diffuse intégralement  le texte ci-dessous, aussi bien que l’article paru dans Le Petit Journal :

Ma petite Lucy,

Me voilà qui t’écris, comme je t’avais promis. Je n’ai pas voulu le faire avant, puisque j’avais fort besoin d’attendre que mes premières impressions sur ce pays glacé mûrissent avec l’expérience. Je dois avouer pourtant que le froid canadien m’engourdit, surtout quand je sors faire les courses et que je suis contraint de passer au bord du lac Osisko où il n’est pas du tout facile de se protéger d’un vent furieux venant du nord-ouest. En revanche, je suis vraiment ravi de ma voisine Elodie qui m’a tant soutenu depuis mon arrivée et vis-à-vis de qui j’ai développé un fort sentiment de gratitude. Chez les Rouynorandiens on vit en équipe et on s’aide réciproquement. Les jours de grosse neige, les enfants prennent plaisir à se construire un bonhomme de neige tous ensemble. Depuis mon atelier de peinture, je les observe travailler et, peu à peu, leur bonheur de vivre, unique au  monde, réchauffe mes os congelés. Cet hiver rigoureux commence à me charmer.

Je t’enverrai d’autres courriels pour que tu sois au courant de tout.

Bisous

Laurent

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http://www.lepetitjournal.com/sao-paulo/communaute/155750-concours-la-francophonie-a-l-honneur-dans-l-etat-de-sao-paulo

Lorenzo Baroni Fontana

Published in: on 14 juin 2013 at 3 h 05 min  Comments (1)