Un certain été européen

Le premier juillet 2014, jour où j’ai eu 27 ans, j’ai quitté mon pays de naissance pour passer un mois dans le continent européen. L’initiative de ce voyage n’était pas originairement touristique. Pour des raisons de travail, David était parti au Portugal quelques semaines avant, au bout desquelles je devrais le rejoindre. Pendant quelques jours, nous avons fait la découverte de plusieurs pays et villes d’Europe. Pour chaque pays et pour chaque première impression, comme d’habitude, j’ai adressé des messages à des amis Brésiliens et Français pour leur en faire part. Donc ensuite, il m’est venu à l’idée qu’il serait intéressant de réunir ces tous petits messages, de sorte à élaborer un texte coloré et embelli par quelques photos prises par David au cours de ces derniers jours. L’aventure commence au Portugal, se poursuit en France, aux Pays Bas et en Belgique et se termine de nouveau au Portugal, point de départ et d’arrivée à la fois. J’ai veillé à ne pas beaucoup modifier ou mettre à jour la substance des messages, qui ont été écrits à la va-vite et à la chaleur de la première impression, le repère de cette dernière étant mon but initial, même si parfois un premier regard peut apporter des jugements injustes et même méchants, je l’avoue dès maintenant. C’est notamment l’immédiateté que j’ai voulu garder ici.

Portugal, du 02 au 13 juillet

Au premier abord, Portugal nous a positivement surpris. Lisbonne est une ville vraiment formidable et les déplacements y sont relativement faciles. En peu de temps, il est possible de tout découvrir. La présence brésilienne n’est pas faible ici (ce qui nous réjouit, bien évidemment) : les restaurants de cuisine brésilienne sont partout, il y a pas mal de réseaux de magasins du Brésil et même la Banque du Brésil. Notre musique et nos novelas (séries télévisées) sont également très appréciées. Il paraît que l’ex-colonie est devenue culturellement plus importante que la métropole au cours des années, tant le Brésil est présent ici. L’architecture colorée et l’utilisation des carreaux en faïences émaillée (azulejos) dans les constructions rappelle les villes du littoral du Brésil. Cette semaine, on a quitté Lisbonne quelque peu pour se rendre au point le plus occidental du continent européen : Cabo da Roca, où le vent souffle furieux.

Il y a plein de voyageurs venus du Nord en vacances qui se rendent à la plage tous rouges (et pas bronzés du tout) en maillots de bain très ringards et en tenant un ballon pour jouer au bord de la mer. Le Portugal représente le côté chaud du continent, donc il y a pas mal de touristes en ce moment. La relation quotidienne avec les descendants de l’immigration africaine m’a semblé beaucoup moins tendue qu’en France, même si les Portugais sont aussi grossiers que les Français. Je me suis déjà disputé grave avec un d’eux dans un bus, j’ai littéralement « rodei a prenda » ! Les femmes noires sont très belles et s’habillent mieux que les femmes portugaises. J’ai kiffé grave ! Ma sensation est un peu partagée : parfois, j’adore être là ; d’autres fois, je déteste. Demain, destination Paris.

De mon côté, je continue de me réveiller tard et d’être soupe au lait, comme tu vois sûrement. 🙂

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France, du 13 au 21 juillet

Notre séjour à Paris a connu son terme précisément aujourd’hui. Que la ville se modifie tellement pendant l’été ! À la fin, tout s’est plus ou moins bien passé avec nous. On était logés dans un studio d’une collègue dans la Cité Universitaire (endroit qui vaut la peine de découvrir, d’ailleurs, il se peut que tu le connaisses déjà), près de la Porte d’Orléans. Cette fois-ci, puisque c’est l’été, on a choisi d’aller plutôt dans les endroits ouverts (Jardin du Luxembourg, Champ de Mars, Parc Montsouris) et de flâner dans la ville. Les étrangers venus de partout dominent la ville. J’ai déjà entendu mille langues différentes. Les arbres ont pris des couleurs, les fleurs de toutes espèces se sont épanouies et les gens portent des vêtements plus légers dans les rues. Les rives de la Seine sont particulièrement intéressantes à cette époque de l’année, on peut s’y balader tranquillement et il y a plusieurs activités de loisir proposées au bord de l’eau. Et pourtant, malgré cet été qu’ils attendent toujours avec beaucoup d’impatience, l’humeur français est toujours incompréhensible. Ou bien ils ne te parlent pas ou bien ils s’engagent dans des conversations dingues et sans aucun rapport avec rien. La plus dingue c’était celle d’un type qui m’est venu avertir de ne pas rester à l’ombre d’un arbre, car un certain corbeau qui était sur une branche pourrait faire caca sur ma tête.

Je dois avouer que, de mon côté, malgré tout, je me suis un peu emmerdé. Paris m’agace, je n’y vivrais jamais, décidément. J’ai souvent pensé à Luciana et à toi, comment ça serait génial de vous avoir ici avec nous. J’aurais bien aimé ! Encore un gros détail : on a pris trois jours d’une insupportable canicule ! Une sorte de Rio sans mer, on est parvenus à ressentir 42 degrés. Dans ces jours, on sortait plus tard, parce que le soleil se faisait écrasant. Mais enfin, David réussissait toujours avec de très belles photos. On a rencontré Barbara et Carole, les deux filles qui ont vécu avec nous en colocation. Elles se portent bien toutes les deux.

Aujourd’hui, on part à la découverte d’Amsterdam, en espérant respirer un peu plus de liberté pour chasser l’excès de surveillance et de contrôle que la France nous inflige.

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Pays Bas, du 21 au 25 juillet

On poursuit notre odyssée européenne avec le dessus du panier : les Pays Bas !

Et la vie nous a heureusement gratifiés tout en confirmant nos espoirs : quitter Paris pour arriver à Amsterdam, c’est comme quitter l’enfer pour arriver au paradis. On est complètement surpris de la capitale des Néerlandais. Dès le premier pied posé sur le sol nederlandse, on ressent déjà une certaine liberté qui flotte dans l’air. On se rend compte que l’on s’est enfin débarrassés des contrôles et des surveillances de la France. Mon corps s’en repose. Aujourd’hui, j’ose dire qu’Amsterdam est l’une des villes que j’aime le plus.

D’abord, au niveau de la nature, la ville s’harmonise comme si elle aussi en faisait partie, ce qui n’est pas faux, d’ailleurs. Il faudrait que toutes les villes du monde suivent cette conscience d’organisation. En tant que touriste, on peut tout faire à pied, longer et traverser les centaines de canaux, se promener à côté des vélos, le principal moyen de transport de la ville. Si tu veux, tu peux ensuite t’acheter une sucette ou une glace au cannabis et sortir baiser la belle travesti coquine de la vitrine du coin suivant, tout en pleine liberté sans aucun jugement moral, bien entendu. Il y a plein de choses à apprendre avec les Néerlandais ! De plus, ils sont très très très choux, sympa, j’ai eu même envie d’apprendre leur belle langue pour pouvoir mieux communiquer. On a rencontré une pote à moi, Alicia, avec qui j’avais fait connaissance il y a quelques années sur Internet et ça a été un rendez-vous hyper cool, même si mon anglais avait un peu disparu. Alicia est la néerlandaise la plus aimable du pays. 🙂

Le plus intéressant finalement c’est de ressentir physiquement même l’ambiance libertaire et l’ouverture d’esprit de la ville en marchant dans ses rues. Malheureusement, on n’est pas habitués à être bien accueillis (ni au Brésil, ni au Portugal, moins encore en France), donc Amsterdam surprend, étonne, bouleverse, toujours positivement, bien sûr. Ville de mon cœur, Amsterdam est la seule capitale européenne où je vivrais de libre gré.

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Belgique, du 25 au 30 juillet

Et notre dernier arrêt s’est fait à Bruxelles, la capitale de la Belgique et siège de l’Union Européenne. Je ne sais pas si c’était l’effet Amsterdam (notre ville du cœur), mais Bruxelles nous a un peu déçus. D’abord, par la quantité de voitures dans les rues et les bouchons assez fréquents, ce qui fait penser un peu à la détestable São Paulo. Bon, au moins à Bruxelles les conducteurs respectent les piétons. Au fait, par rapport à l’accueil, il n’y a pas de quoi se plaindre, les Belges sont gentils et reçoivent bien. Le problème c’est l’organisation de leur capitale qui n’est pas très intéressant pour les touristes (ni pour les habitants !).

Ce qui étonne vraiment à Bruxelles : les communautés d’immigrants, notamment les Turcs et les Marocains, j’ai eu l’expérience d’être en Turquie, entouré de Turcs. Dans les rues, nous avons vu moins de Belges que des Turcs. C’est super d’entendre leur langue et d’observer leur comportement ! Comme tu le sais, Bruxelles a deux langues officielles : le néerlandais et le français. Il m’a semblé que le français s’est imposé artificiellement avec le temps, vu que la toponymie du pays est presque complètement en néerlandais. Dans le commerce, ils utilisent plutôt le français et je me suis senti beaucoup plus à l’aise de parler français ici qu’en France. Je pense que c’est toujours positif d’élargir les possibilités linguistiques et la Belgique m’a paru moins impérialiste avec le français, le néerlandais étant aussi important que la langue de Molière.

C’est une joie de pouvoir apprendre plusieurs langues et de choisir celle qui nous convient le mieux ! C’est une joie d’être plurilingue ! J’ai encore envie d’apprendre le néerlandais un jour. Pour finir, il faut ajouter que nous nous sommes perdus plusieurs fois à Bruxelles, ce qui nous a permis de découvrir des endroits moins touristiques finalement. Nous avons goûté une bière fruitée saveur chocolat et fraise qui était pas mal. Une boisson sucrée pour terminer un séjour salé. J’exagère comme toujours. Si je n’exagérais pas, ce ne serait pas moi, quoi !

Nous passerons quelques jours encore à Lisbonne, où nous avons déjà une petite sensation d’être chez nous !

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Lorenzo Baroni Fontana

Published in: on 24 août 2014 at 23 h 35 min  Laissez un commentaire  

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